Les salariés du privé sont secoués : Novandie, Bel, Savencia, CFR (joint venture Savencia-Sodiaal) et Lactalis lancent des plans de sauvegarde de l’emploi. Ils font les frais d’un marché français atone, de la guerre entre les GMS et, chez Lactalis nutrition diététique, de la crise de la salmonelle. Les PSE sont en cours de négociations.

En ultrafrais, la baisse de la consommation et des surcapacités industrielles décident Novandie, filiale d’Andros, à supprimer 130 postes. Elle veut arrêter deux lignes de production à Savigné-L’Évêque (Sarthe) et Maromme (Seine-Maritime), et transférer les services administratifs de Maromme à Auneau (Eure-et-Loir).

Deux fermetures de site

En Charente, l’érosion du marché du lait UHT rattrape les 43 salariés de la laiterie de Claix. Savencia fermera le site en 2019. « Après avoir abandonné cette activité, nous l’avons retrouvée à la reprise d’actifs de Terra Lacta. Son implantation et le recul du lait UHT nous incitent à la fermer. En zone de déprise, nous manquons de lait pour l’alimenter. »

Dans la Manche, c’est aussi le taux de remplissage insuffisant qu’invoquent Savencia et Sodiaal pour fermer la fromagerie CFR de Coutances en juillet 2019 (86 emplois). L’activité en berne des pâtes molles les pousse à rationaliser les sites fromagers bas-normands. En parallèle, les dirigeants de Savencia s’attaquent aux services marketing et comptabilité du groupe pour les centraliser au siège à Viroflay (Yvelines) et à Condé-sur-Vire (Manche). « Cette réorganisation touche cinq sites (1) et se traduit par 130 créations d’emplois et 53 suppressions sèches, auxquelles il faut rajouter la laiterie de Claix », détaille le syndicat salarié FGA-CFDT. Pour le groupe, « il s’agit de gagner en compétitivité et de s’adapter aux nouveaux modes de consommation via la digitalisation. » Sans doute le résultat divisé par deux du premier semestre provoque-t-il aussi cette réaction. Son lait à 350 € (voir p. 28) et les cours dégradés de la poudre sont passés par là.

Une économie laitière à l’équilibre délicat

Si la FGA-CFDT insiste sur la nécessité pour les éleveurs de bien vivre de leur métier, elle pointe le délicat équilibre entre bon fonctionnement des laiteries et prix du lait « qui pèse pour 30 à 70 % de leurs charges ».

Les salariés de Bel ont le sentiment de « payer » pour l’accord entre l’OP et le groupe sur un lait 2018 proche des 380 €. « La hausse n’est pas répercutée auprès des GMS. Cela nous coûte cher. »Bel vient d’annoncer un PSE qui viserait au maximum 180 salariés (160 suppressions d’emplois, 20 modifiés et 116 créa­tions). Plus largement, c’est la pérennité des laits différenciés, dans lesquels la filière s’engouffre, qui est en question.

Claire Hue

(1) Jurançon (Pyrénées-Atlantiques), Le Tholy (Vosges), Azé (Mayenne), Marsac-sur-l’Isle (Dordogne) et Condé-sur-Vire (Manche).